Bonjour à toutes et à tous






" le voyage pour moi, ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c'est demain, éternellement demain"
Roland Dorgelès







jeudi 24 février 2011

Des Gorges du Ziz à Marrakech


Nous quittons de bonne heure le petit camping de Tissirt pour nous diriger vers les Gorges du Ziz qui s'étirent sur une cinquantaine de kilomètres environ, jusqu'au tunnel de Foum Zabel dit du Légionnaire car il aurait été réalisé par la légion vers 1927.

Après avoir quitté Errachidia, on longe le lac de barrage Hassan-Addakhil

puis la route grimpe les contreforts du Haut-Atlas avant de redescendre dans les gorges du Ziz, parfois assez évasées où se nichent des palmeraies,

parfois beaucoup plus étroites.


Ne voulant pas continuer au-delà des gorges dans la direction du nord, juste après le tunnel,

nous redescendons par la même route vers Errachidia avant de nous diriger vers Goulmima.

Cette petite virée en valait la peine, mais si le site est beau, il n'est pas grandiose. Nous attendons de découvrir les gorges du Todra et du Dadès pour comparer. En attendant, nous faisons une halte de 3 jours à Goulmima : le camping est en centre ville, proche de la palmeraie. Tenue par une française Michèle, il est agréable et bien aménagé. Elle nous propose une excursion avec un guide dans la palmeraie et le ksar toujours habité.

Nous partons donc le lendemain avec notre guide au long de la palmeraie : nous commençons à nous y connaître ! Nous longeons les minuscules parcelles cultivées, longeons les petits canaux d'irrigation, contournons les immenses palmiers, les oliviers, les tamaris : il fait frais et en été, ce doit être bien agréable de circuler sous ces ombrages.

Nous nous dirigeons ensuite vers le ksar, véritable forteresse en pisé - un des plus impressionnant de la région - et à la suite de notre guide, nous flânons dans les ruelles couvertes, montons sur les toits admirer la vue,

visitons une demeure avec son étable en rez-de-chaussée - pas de chauffage nécessaire pendant l'hiver - le four à pain que chaque famille utilise toujours, puis l'ancien quartier juif ou mellah, déserté peu à peu, comme beaucoup au Maroc, après la création d'Israël. Un canal d'irrigation passe dans le ksar ou les femmes viennent laver le linge. Deux fontaines approvisionnent le ksar en eau potable. Une petite place sert d'étable à ciel ouvert



Après ce tour du village, nous allons chez notre guide : son épouse - qui ne parle que le berbère, ce qui ne permet pas de discussion et c'est bien dommage - nous offre le thé avec du pain frais et de l'huile d'olive. On trempe un morceau de pain dans l'huile et on le mange en sirotant son thé à la marjolaine, et c'est bien bon !

Normalement, le ksar devrait être rénové : certaines choses ont été faites, mais pas suffisamment. Il y a pourtant beaucoup de monde qui habitent ici : environ 250 familles soit près de 1600 personnes d'après notre guide - et malheureusement une partie tombe en ruine.

Le lendemain au matin vent tourbillonnant : on voit le sable s'élever et tournoyer avant de s'abattre en rafales. Moi qui voulait suspendre du linge ! Nous restons enfermés dans le camping-car et finalement vers midi, tout se calme et l'après-midi est très agréable, mais Pégase est couvert de sable !

Nous sommes maintenant le 18 et cela fait près de deux mois que nous sommes au Maroc et il nous reste tant à voir ! Nous partons de bonne heure pour rejoindre Tinerhir par la route des gorges de Gheris et du Todra : environ 130 km mais par des petites routes qui tournent dans la montagne. C'est un trajet magnifique ! Nous longeons d'abord de petites palmeraies qui accompagnent les méandres du Gheris,

puis nous nous élevons progressivement dans des paysages quasi désertiques,


traversant l'oued par de petits gués,

puis les gorges d'abord étroites,

puis de plus en plus évasées. On arrive sur de hauts plateaux, totalement désertiques ou l'on croise de temps à autres quelques troupeaux de chèvres qu'accompagne un berger. Nous déjeunons au milieu de nulle part, dans un univers essentiellement minéral.


Puis, nous poursuivons notre route, traversant quelques villages, croisant quelques voitures ou camionnettes qui approvisionnent les habitants et servent de bus. En fond de décor, les montagnes du Haut-Atlas, avec quelques sommets enneigés …

Nous arrivons au petit village de Tamtattouche qui marque le début des gorges du Todra. Perché à 1800 m d'altitude, avec ses maisons en pisé et ses petits champs cultivés, il semble au bout du monde. Nous longeons maintenant l'oued Todra

et nous parvenons à l'endroit le plus étroit du défilé : des falaises de 300 mètres d'à-pic surplombe la route et l'oued : tout simplement impressionnant !


Les couleurs rouges des rochers sur le fond bleu du ciel et le vert-gris de l'oued composent un tableau magnifique ! Surtout en cette saison où il n'y a pas trop de touristes : nous sommes pratiquement seuls. Bien sur il y a des commerces et des cafés qui rompent un peu le charme des lieux, mais il vaut vraiment le déplacement.

Ensuite, la vallée s'évase pour laisser la place aux cultures le long du fleuve, ce qui contraste avec les rochers dénudés qui le surplombe et doit être encore plus beau au printemps, lorsque les arbres sont en feuilles.

Nous arrivons à Tinerhir vers 16 h 00 soit environ 6 heures pour parcourir les 130 km mais nous en avons profité pleinement car la route est en bon état la plupart du temps.

Le lendemain, nous partons de bonne heure du camping et après quelques emplettes nous prenons la route vers Boumalne Dadès puis empruntons la route des Gorges : au départ, la vallée est assez large et on grimpe progressivement en traversant plusieurs villages sur fond de montagne d'une couleur rouge ou ocre, avec des kasbah en ruine et surtout des formations rocheuses tout simplement étonnantes.

Au fond de la vallée coule le Dadès, entouré de vergers d'amandiers en fleur, de peupliers encore dénudés et de minuscules jardins… Progressivement, la route s'enfonce entre des falaises de plus en plus hautes, puis nous grimpons en lacet au-dessus de gorges de plus en plus étroites.

Enfin, nous redescendons pour nous glisser dans un défilé très étroit

avant d'attaquer une nouvelle montée en lacet tout simplement spectaculaire - et éprouvante pour les nerfs du conducteur ! - pour nous élever au-dessus des gorges. On ne voit même plus la rivière qui coule en contrebas ! Nous sommes maintenant à plus de 2000 mètres d'altitude et traversons encore quelques villages perchés dans la montagne au-dessus des gorges, avant de faire demi-tour : au-delà, ce ne sont plus que des pistes pour les 4 x 4.


Inutile de préciser que la descente est tout aussi impressionnante ! Les Gorges du Dadès sont un des sites les plus célèbres du Maroc et vraiment à juste titre : c'est tout simplement ébouriffant ! Nous replongeons dans la vallée pour nous arrêter à Aït Arbi afin de nous remettre de nos émotions et nous nous attablons devant un bon repas à la terrasse de la "Kasbah Ait Arbi" : nous surplombons le Dadès, qui coule doucement au milieu des vergers en fleurs, face aux rochers ocres rouge de la falaise des singes.

Après le repas, le patron du restaurant nous suggère une promenade le long de la rivière. Par un petit pont de bois,

nous traversons la rivière, pour grimper jusqu'à un petit village niché contre la falaise des Singes,

puis nous la longeons jusqu'à un nouveau village et sa kasbah en partie en ruine

et redescendons dans les jardins où serpente un petit chemin qui nous ramène à la passerelle sur le Dadès. Il fait bon, les arbres sont en fleur, les petites parcelles mêlant fèves, luzerne, blé sont bien irriguées et entretenues, le décor qui nous entoure est tout simplement superbe, "c'est un petit paradis" comme nous l'a annoncé le très sympathique patron du restaurant.

Après avoir pris notre whisky berbère, nous lui faisons visiter le camping-car, ce qui lui fait très plaisir car je suppose qu'il n'en avait jamais vu un intérieurement, puis nous reprenons la route vers la vallée du Dadès. Le long de la route, des arbres en fleurs, quelques kasbahs en ruine puis peu à peu, nous retrouvons une zone désertique parcourue par quelques troupeaux de chèvres et même quelques dromadaires.

Nous arrivons enfin à Skoura où nous nous installons au camping de la palmeraie dominé par les sommets de l'Atlas.

Après une matinée tranquille, nous partons avec un guide et un autre couple de camping-caristes faire la visite de la palmeraie et de la kasbah d'Amerdihil. Nous allons être bientôt des spécialistes en palmeraie, d'autant que le guide nous la fait parcourir à fond : 4 heures ininterrompues à parcourir un lacis de chemins étroits

qui desservent des cultures : fèves, persil, fenouils, navets et carottes, entre des haies d'églantiers, de figuiers, de pêchers et d'amandiers en fleurs, quelques orangers et bien sûr des palmiers-dattiers.

C'est une promenade bucolique, avec, en fond les sommets enneigés du Haut-Atlas. La palmeraie est bien sûr parsemée de douar ou villages, chacun ayant sa ou ses kasbahs toutes plus ou moins en ruine.

La kasbah d' Amerdihil, impressionnante par sa taille et remarquable par sa décoration extérieure - elle figurait sur les anciens billets de 50 dh - aurait été bâtie par le maître du Coran du Glaoui. C'est une des rares kasbahs encore habitée, du moins en été. Ses dimensions sont imposantes, mais une partie est en ruine, à l'exception du logis principal, flanqué de quatre tours et qui a été restauré.

Après avoir franchi la porte, on arrive dans un patio planté de figuiers, palmiers, oliviers avec au centre une fontaine. Au rez-de-chaussée, salon pour recevoir, les cuisines et le "bureau" du propriétaire, au-dessus, les terrasses desservant les chambres - on dirait des cellules de moines ! - la mosquée et l'école coranique. Hormis le salon protégé par les terrasses, les pièces ne comportent pas de fenêtres, mais de simples petits soupiraux fermés par des moucharabiehs ! Toute la construction est en pisé, plafonds en bois de palmiers ou tamaris, ce qui explique sa fragilité et le nombre important de ruines que l'on rencontre.

Dès le lendemain, nous poursuivons notre route et arrivons à Ouarzazate. Après un petit tour dans la ville, vivante et très aérée - elle a été créée en 1928 par les Français et est restée longtemps une simple ville de garnison. Elle doit son développement actuel au tourisme - elle est aux portes des oasis du sud - et à l'industrie du cinéma. Nous allons donc visiter les studios où ont été tournées des scènes de différents films et contempler les décors

et surtout leur envers

c'est une visite plutôt amusante.

Nous poussons jusqu'au village d'Aït Ben Haddou, toujours dans la direction de Marrakech. C'est l'un des ksour les mieux conservés du sud, bien qu'il ait eu a subir des pluies torrentielles qui ont partiellement abîmé cet ensemble fait de pisé et de roseaux. Des travaux de restauration sont en cours mais prendront des années et il y a de moins en moins d'habitants, qui ont préférés s'installer dans le nouveau village. Nous nous installons au camping-auberge, puis partons vers le vieux village en traversant l'oued sur un petit gué improvisé,

puis pénétrons dans le dédale des ruelles qui s'enroulent autour d'un piton rocheux.

Plusieurs films ont été tournés là dont certaines scènes de Lawrence d'Arabie. 

A chaque détour, de petits commerces de souvenirs et une dame qui nous invite à visiter sa maison.

On pénètre dans une courette ou loge une chèvre sous un abri de roseau, et d'où part un escalier vers une mini-terrasse. Au fond, elle nous invite dans son salon-cuisine : une pièce éclairée seulement par la porte ouverte : dans un coin de l'entrée la "cuisine" : une étagère sur laquelle est posé un butagaz où mijote un couscous et un autre où chauffe l'eau du thé. Puis des tapis sur le sol avec une petite table où trône le service à thé. La conversation est difficile, car elle parle mal le français. Elle se fait un peu d'argent en invitant des touristes et nous montre les carnets de remerciements et les photos qu'ils lui envoient. Nous buvons le thé puis la remercions après avoir pris des photos : nous avons noté son adresse et lui promettons un de lui envoyer une petite carte postale de France.

Après être monté jusqu'au sommet d'où l'on peut contempler la campagne environnante, nous retraversons l'oued pour faire quelques courses avant de rentrer au camping. Nous comptons partir tôt le lendemain pour franchir le Haut-Atlas par le col du Tizi-n-Tichka.

Il y a environ 200 km entre Ouarzazate et Marrakech et le col est le point culminant à près de 2300 m d'altitude. Heureusement, il n'y a pas de neige actuellement, sauf sur les sommets.


Dès 7 h 30, nous prenons la route. Elle traverse tout d'abord des contrées désertiques et monte lentement vers le col. C'est une fois arrivé à celui-ci, dans des paysages totalement dénudés, qu'elle devient assez spectaculaire. Elle amorce une grande descente, en passant carrément sur les crêtes, offrant des panoramas splendides sur les hauts sommets de l'Atlas couverts d'un léger manteau neigeux. Les montagnes changent de couleur, pour prendre des tons rouges ;

les villages accrochés à ses flancs sont construits dans les mêmes tons, ce qui donnent l'impression qu'ils font eux-mêmes partie de la montagne !

Puis on arrive dans les forêts de pins et de chênes liège qui donne à ces paysages un petit air méditerranéen.

Nous arrivons enfin dans la plaine ou peu à peu, la densité de population augmente et la circulation aussi,

puis c'est Marrakech, une ville énorme - environ 1 million d'habitants - qui nous change des petites villes du sud.

Nous comptons y rester quelques jours avant de prendre la route du Nord vers Meknès et Fès …